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Digitalisation de la finance : de la tokenisation à l'IA

© O du Van

Arnaud Misset, Chief Digital Officer à CACEIS, examine les dernières tendances dans le domaine du numérique – de l'intelligence artificielle à la tokenisation – et leurs implications pour CACEIS en tant qu’asset servicer.

Comment CACEIS s'implique-t-il dans la tokenisation ?

Dans notre approche de l’innovation, nous gardons toujours à l’esprit quatre grands axes : la réglementation, la demande des clients, la concurrence et notre propre créativité.

Arnaud Misset - Chief Digital OfficerChaque fois que nous voyons émerger une nouvelle technologie et que nous pensons qu'elle pourrait apporter une valeur ajoutée à nos clients, nous mettons en place une solution, que nous commençons par tester. Si l'idée fonctionne et qu'elle peut être déployée à plus grande échelle, nous la transférons à la ligne métier appropriée.

C'est dans cette optique que nous avons participé à une série d'initiatives préliminaires sur la tokénisation des instruments financiers. Nous avons par exemple travaillé en collaboration avec CACIB (Crédit Agricole Corporate & Investment Bank) sur les obligations tokenisées et nous avons testé la tokenisation sur les euros numériques en partenariat avec la Banque de France.

Il s'agit clairement d'un domaine émergent et en plein essor, qui concerne des fonctions telles que l’IT, les opérations et la gestion des risques. Dans ce cadre, CACEIS s’est associé à Taurus, qui apporte une expérience et un savoir-faire significatifs en matière d'actifs digitaux dans le paysage des services financiers. La maîtrise de processus tels que les opérations sur titres va notamment devenir essentielle dans un monde tokenisé. En 2023, CACEIS a également été le premier dépositaire en France à obtenir un enregistrement PSAN (Prestataire de services sur actifs numériques) de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Cette étape importante a conduit CACEIS à travailler aux côtés de CACIB et de SEB dans la mise en place d’une obligation « verte » sur la blockchain émise par la Banque centrale européenne.

Quels sont les grands changements à adopter par rapport à la finance traditionnelle ?

Tout d'abord, CACEIS a obtenu son enregistrement en tant que fournisseur de services sur actifs numériques, comme évoqué ci-dessus. Il s'agit d'un changement important.

Une fois que le système est opérationnel, de nouvelles règles doivent être définies en matière d'opérations, de conformité et de risques. Il ne s'agit pas d'une blockchain unique, mais de plusieurs protocoles de blockchain différents auxquels nous devons être connectés.

Une autre différence majeure concerne l’émetteur : dans le domaine de la finance traditionnelle, l’émetteur des titres est toujours clairement identifié, mais dans le cas des cryptomonnaies, par exemple, l'émetteur est le protocole informatique lui-même.

Nous avons dû nous équiper de nouveaux systèmes pour la conservation et développer de nouveaux dispositifs pour la conformité et le risque. Dans ce domaine, il nous a fallu non seulement gérer le KYC (Know Your Client), mais aussi le KYT (Know Your Transactions) et le KYA (Know Your Address).

L'origine des fonds et la manière dont ils passent d'un portefeuille (Wallet) à l’autre doivent en effet pouvoir être rigoureusement retracés. Si un portefeuille est signalé comme suspect, il s’agit de pouvoir faire opposition à la transaction.

« Concrètement, nous fournissons un stockage sécurisé pour les clés numériques privées de nos clients, en tirant parti d'une technologie de pointe ».

 

Comment CACEIS a-t-il procédé pour introduire la tokenisation pour les opérations sur titres ?

Qui provient de l’univers des cryptomonnaies n’est sans doute pas vraiment familiarisé avec le concept d’opération sur titres. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous associer à Taurus, notre plateforme pour les actifs digitaux. Taurus a été fondé par d'anciens banquiers, qui comprennent les concepts liés à la finance traditionnelle.

Pour gérer les opérations sur titres, il faut pouvoir utiliser des smart contracts, autrement dit des programmes informatiques dans lesquels chaque étape du cycle de vie d'un titre sera pré-saisie, pré-programmée. C'est ce que l'on appelle parfois la finance programmable.

Pour gérer à la fois un instrument tokenisé et le cycle de vie traditionnel d'un titre, il faut passer par un smart contract. Des bibliothèques de smart contracts existent déjà. Cependant, parce qu’ils sont enregistrés dans la blockchain, et s'ils ne sont pas corrects dès le départ, ils devront être republiés. En effet, une fois publiés, il n'est plus possible de les modifier.

Il est donc essentiel de collaborer avec des partenaires rompus aux opérations sur titres, de manière à pouvoir programmer un smart contract correctement, dès le départ.

L'intelligence artificielle est un autre thème passionnant. Quelles sont les initiatives de CACEIS dans ce domaine ?

Nos débuts dans l’exploration de l’IA remontent à quelques années, avec des modèles prédictifs. Nous avons commencé avec un mailbot et un lecteur automatique de documents.

Nous avons tout développé par nous-mêmes, au moyen d’algorithmes en open-source. Les leçons que nous avons tirées de ces premières initiatives étaient très claires : il s’agit avant tout de l’entraînement du modèle. Quand il est entraîné sur un grand nombre de cas, il fonctionne bien. Si le nombre de cas n’est pas suffisant, le modèle ne fonctionnera jamais.

Nous avons également élaboré une feuille de route pour 2024-2025 qui donne la priorité aux cas d'utilisation dans nos différentes lignes métiers en mettant l'accent sur l'efficacité opérationnelle.

Comment l'IA peut-elle aider les clients à répondre à leurs besoins quotidiens ?

L’amélioration de la satisfaction clients passe par différents moyens. Par exemple, nous travaillons avec des « Large Language Models », dans lesquels on entre simplement une question et l'outil d'intelligence artificielle trouve la réponse pour nous. Avec de telles solutions, nous pouvons répondre plus rapidement aux questions des clients.

Nos équipes ont également développé récemment Pick-AI, un outil qui permet d’extraire des données spécifiques à partir de documents PDF textuels. Ce système sera utilisé dans un premier temps pour traiter les factures des fonds des clients et permettra à CACEIS d’absorber des volumes toujours plus importants avec une rapidité et une précision accrues.

L'IA est aussi un outil précieux pour les lignes métiers en termes d’efficacité. Les clients pourront obtenir ce qu’ils souhaitent plus facilement et rapidement. Nous tirons également parti des nouveaux modèles LLM (Large Language Models) d’IA générative pour nos équipes qui sont en charge des réponses aux appels d'offres ; elles s'appuient sur notre GPT interne pour les aider à répondre aux questionnaires, dont notamment les due diligences.

Quels sont les risques de l’IA ?

Nous devons garder à l'esprit que l'IA n'est jamais précise à 100%. Des interventions humaines sont encore largement nécessaires dans certains cas. Il arrive que le modèle soit certain d'avoir raison, mais il peut s’agir d’une hallucination, car l'IA ne fera jamais aveu de faiblesse. La réponse qu’elle fournira peut être erronée, mais bien rédigée, ce qui donne l’illusion qu’elle est correcte. Il s’agit donc de se montrer très attentif.

En conclusion, quels messages souhaitez-vous nous partager ?

Le client est toujours au centre de nos préoccupations ; nous ne devons pas perdre de vue la manière dont les solutions digitales peuvent aider nos clients à répondre à leurs besoins en constante évolution. Par exemple, nous avons créé le CACEIS Connect Store, une plateforme propriétaire qui rassemble des fintechs leaders du marché pour offrir aux clients une gamme de solutions numériques répondant à leurs besoins spécifiques. Nous nous efforçons d'intégrer environ cinq nouveaux partenaires fintech chaque année.

L'émergence des monnaies numériques des banques centrales est une étape très importante. La majorité des banques centrales dans le monde, étudie par exemple la possibilité de créer une monnaie numérique de banque centrale. Cela favorisera l'adoption de la blockchain. Aujourd'hui, il existe toujours une différence entre la livraison des actifs et le paiement. L'argent liquide est toujours géré de manière traditionnelle off-chain. La création d'une monnaie numérique par une banque centrale changera la donne, car l’ensemble du processus pourra alors être géré par la blockchain.

Enfin, chacun de nous doit participer à l'innovation et à la transformation digitale. C’est l’affaire de tous.

Information importante – Une usurpation de l'identité de CACEIS est en cours avec une offre frauduleuse portant sur des placements ou des investissements. CACEIS n'est pas à l'origine de cette offre et vous appelle à la vigilance afin d'éviter d’être la cible de ce type de fraude. Vous pouvez consulter les listes noires ainsi que les alertes des autorités sur le site ABEIS.
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